D'un Rhône affecté par une exploitation déséquilibrée...

Jusqu'au début du 20ème siècle, la zone alluviale de Finges, large de 300 à 600 mètres, était remodelée au rythme des crues, ce qui garantissait une grande diversité de structures: un fleuve à bras multiples, des sablons humides, des îles de graviers, des forêts inondables, des surfaces de marais ainsi que des pelouses steppiques. L'offre en milieux vitaux pour un grand nombre d'espèces animales et végétales très exigeantes y était alors optimale.

Dès 1911, la dérivation des eaux du Rhône pour la production d'électricité, puis, dès 1946, l'endiguement du fleuve, ont très fortement modifié l'environnement de Finges. Les crues confinées entre les digues sont devenues trop violentes pour permettre à la nature de s'exprimer tandis que l'extraction d'alluvions peu respectueuse des valeurs naturelles a conduit à une banalisation du fleuve et de ses annexes. Ces changements ont provoqué l'effondrement de nombreuses espèces associées aux milieux alluviaux pionniers.

... à un Rhône restauré grâce à une gestion maîtrisée

L'autoroute à travers Finges s'inscrit ainsi dans un site protégé, mais qui n'est pas intact. Depuis plusieurs années, outre l'agrandissement des étangs et des marais présents au cœur du site, le projet de construction de l'autoroute A9 a entrepris la revitalisation de la zone alluviale de Finges. En effet, suite au constat de la perte de biodiversité consécutive à l'endiguement, à l'extraction des graviers et à la dérivation des eaux, il a été décidé de rétablir la beauté du site et la biodiversité initiale grâce à une gestion maîtrisée des activités économiques existantes.

L'exploitation hydroélectrique n'a dès lors pas été interdite pour rétablir un dynamisme naturel, ni l'exploitation des alluvions ; au contraire, la production de sable et de gravier a été provisoirement augmentée afin d'abaisser et d'élargir le lit du fleuve. Aujourd'hui, les interventions mécaniques, qui remplacent la force des eaux dérivées, participent au maintien de la nouvelle attractivité du site. Elles suivent un plan d'intervention adapté chaque année selon l'évolution des espèces les plus rares et selon des impératifs sécuritaires. En automne, les ingénieurs établissent un plan d'interventions qui organise les extractions réalisées en hiver, lors des basses eaux et hors de la période de reproduction. En l'espace de 20 ans ce mode de gestion a progressivement réussi à augmenter les effectifs des espèces menacées et à faire revenir des espèces disparues, alors que globalement elles sont en recul au niveau national. C'est notamment le cas pour le Chevalier Guignette et le Petit Gravelot, deux oiseaux menacés dont les effectifs ont été plus que doublé à Finges.

Gageons que le maintien de cette exploitation raisonnée et dirigée permette de répondre aux objectifs du concept de mise en valeur de Finges; un concept de conservation et de promotion de la biodiversité qui a été initié, paradoxalement, par la construction d'une autoroute!